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#LaFuiteEnAvant – L’UFC Que Choisir sensibilise les maires sur les fuites d’eau des réseaux d’eau potable

L’UFC-Que choisir a publié le 27/06 une étude sur les fuites d’eau potable en France. L’état des lieux est préoccupant, et l’association appelle l’État à venir en aide aux communes, notamment les plus petites, « démunies » face à cette problématique.

Par Franck Lemarc

Les chiffres sont connus, mais toujours aussi stupéfiants : environ un litre d’eau potable sur cinq est perdu, à l’échelle nationale, à cause des fuites sur les réseaux. C’est l’équivalent la consommation des sept plus grandes villes du pays (soit un milliard de mètres cubes) qui est perdu chaque année.

Au regard des sombres prévisions en matière de multiplication des épisodes de sécheresse, il paraît donc plus urgent que jamais de remédier à cette situation, et l’UFC-Que choisir est claire : les communes ne peuvent y parvenir seules.

État des lieux

En s’appuyant sur l’étude des données de la base Sispea, l’association a déterminé un classement des départements les mieux et les moins bien classés en matière de fuites. Sans surprise, il apparaît que les départements les plus riches figurent parmi ceux dans lesquels le taux de fuites est le moins important. Mais la différence se fait aussi sur des critères géographiques : les départements les mieux lotis (Ille-et-Vilaine, Morbihan, Côtes-d’Armor, où le taux de fuites est inférieur à 10 %) sont des départements de l’ouest du pays. Explication : les nappes phréatiques sont plus rares dans ces territoires, et la rareté de la ressource en eau a induit une culture de la chasse au gaspillage.

À l’inverse, ce sont les départements de montagne et les départements très ruraux qui ont les taux de fuites les plus catastrophiques : dans les Hautes-Alpes, ils atteignent 40,3 %, 34,6 % dans les Alpes-de-Haute-Provence, 32,2 % dans l’Ariège… Ces départements, explique l’UFC, sont caractérisés par des réseaux très longs, une population faible (donc une faible redevance) et « des capacités financières réduites » .

Si l’on regarde la situation à la maille des communes, le constat est en partie le même : les plus petites communes – et donc les plus rurales – ont des taux de fuites plus importants. « Outre leurs capacités financières limitées, le renouvellement des réseaux est proportionnellement plus cher qu’en zone urbaine car le nombre d’habitants desservis est beaucoup plus faible rapporté à la longueur des réseaux », explique l’UFC. Chiffre frappant : un quart des communes de moins de 1000 habitants ont un taux de fuites de 50 % ou plus – ce qui signifie que la moitié de leur eau potable disparaît avant d’arriver aux robinets des habitants.

Manque d’ingénierie de l’État

L’étude révèle que la moitié du réseau d’eau potable est constituée de matériaux « fragiles »  (acier et fonte grise, amiante-ciment et PVC collé). Ce sont ces portions du réseau qu’il est le plus urgent de remplacer. Or, il est établi que le réseau national ne se renouvelle qu’à hauteur de 0,67 % par an, ce qui signifie qu’à ce rythme, « il faudrait 150 ans pour remplacer la totalité du réseau ». Ce chiffre de 0,67 % reste, rappelons-le, inférieur au taux de 1 % par an fixé par les Assises de l’eau en 2019.

L’UFC cherche à expliquer l’ampleur de ces phénomènes, en se gardant bien d’accabler les communes concernées. Au contraire, l’association insiste sur le fait que nombre de petites communes sont « démunies »  face à cette problématique, par manque de moyens financiers, ne serait-ce que pour connaître réellement leur réseau. Les coupes claires dans les budgets de l’offre d’ingénierie publique (allant jusqu’à la suppression totale, en 2016, des services déconcentrés d’ingénierie de l’État). Cette suppression, remarque l’UFC, «  a reporté de facto sur les collectivités les responsabilités qui incombaient précédemment aux DDAF »  (directions départementales de l’agriculture et de la forêt).

« Sous-financement chronique »

Au-delà de la question de l’ingénierie vient celle du financement. Pour l’UFC, « les budgets disponibles actuellement sur l’ensemble de la France pour renouveler les réseaux sont très loin d’atteindre les investissements supplémentaires estimés en 2019 entre 2,5 et 3 milliards par an ». Les aides du Plan eau (180 millions d’euros) apparaissent dérisoires par rapport aux besoins ; et les budgets des agences de l’eau sont insuffisants pour pouvoir suffisamment aider les communes à investir. Pour l’UFC, la cause en est notamment une contribution « insuffisante »  des agriculteurs, dont le taux de redevance est très inférieur à celui des consommateurs domestiques. L’UFC estime qu’il « suffirait que les agriculteurs payent leurs consommations d’eau au même tarif que les consommateurs et versent un niveau de redevance proportionnel à leur contribution aux pollutions de l’eau, pour augmenter le budget des agences de 1,6 milliard d’euros ». Sans parler – l’UFC ne l’évoque pas – du « hold-up »  sur les ressources des agences de l’eau qu’a représenté, pendant des années, la mise en place du « plafond mordant », consistant à obliger les agences à reverser à l’État leurs recettes au-delà d’un certain plafond.

Propositions

L’UFC-Que choisir formule donc un certain nombre de « demandes »  pour permettre l’accélération du renouvellement des réseaux. En premier lieu, « l’augmentation des ressources budgétaires des agences de l’eau », mais aussi « un fléchage des aides des agences de l’eau vers les collectivités prioritaires en termes de  raréfaction de la ressource et de fuites d’eau ». L’UFC demande également la création « dans tous les départements de services d’appui aux petites communes ». De façon plus discutable, l’UFC propose aussi que les conditions d’accès aux aides des agences de l’eau, pour les communes, soient durcies, notamment avec le critère d’un « prix de l’eau démontrant une capacité à contribuer au financement des travaux ».